Comment la cyclo-logistique participe au soutien de l’économie locale ? 6 leviers

Les bienfaits écologiques de la livraison à vélo ne sont plus à démontrer. Un vélo-cargo triporteur, doté d’une caisse de 1 500 l, émet 85 % de CO2 en moins qu’un véhicule thermique possédant la même capacité de charge, selon le Plan national de développement de la cyclo-logistique. Conçu pour la ville, ce mode de transport de marchandises contribue aussi au développement de l’économie locale. Voici, en 6 points, le rôle socio-économique que joue la cyclo-logistique.

1. Fluidifier la circulation en zones urbaines

Le transport de marchandise en ville représente 20 % du trafic en France. Pourtant, il occupe 30 % de la voirie. Il participe grandement aux embouteillages qui impactent fortement la qualité de vie en ville. Les transporteurs ont de plus en plus de mal à acheminer les produits en zones urbaines avec des véhicules de livraison classiques. Par conséquent, les commerces locaux peinent à s’approvisionner et les consommateurs à recevoir leurs colis, sans parler de la collecte de déchets qui pose un sérieux problème de gestion de l’espace public.

Le vélo-cargo, entre autres modes de transport en cyclo-logistique, occupe beaucoup moins d’espace d’une camionnette électrique, qu’il soit stationné ou en circulation. Même si un van de livraison possède une capacité de charge plus grande qu’un vélo-cargo, il est ralenti par une circulation dense dès qu’il pénètre en ville. La vitesse de livraison d’un coursier à vélo peut être jusqu’à 1,6 fois plus rapide qu’une camionnette de taille standard.

Aussi, les cyclo-logisticiens peuvent emprunter des itinéraires alternatifs pour échapper à la congestion urbaine. Un vélo peut circuler sur une zone piétonne mixte, à contre-sens lorsque c’est interdit pour les voitures ou encore dans des ruelles étroites. Cela répond aux enjeux de planification et de régulation des espaces urbains.

2. Apporter une solution de livraison adaptée aux nouvelles restrictions de circulation

Au 1er janvier 2025, les agglomérations françaises au-dessus de 150 000 habitants devront mettre en place une Zone à faibles émissions (ZFE). Cet aménagement urbain vise à limiter l’accès aux centres-villes aux véhicules les plus polluants. Cela pose encore plus de contraintes aux commerces les plus fragiles qui ne peuvent pas forcément investir dans des camionnettes de livraison équipées de vignettes Crit’Air 1 ou 2.

La cyclo-logistique présente alors une option très intéressante. Plus rapide, plus propre et d’une capacité de charge satisfaisante pour le transport en ville, le vélo-cargo est une solution de livraison adaptée à la logistique urbaine.

3. Soutenir la croissance de l’économie locale

La livraison du dernier kilomètre enregistre une croissance annuelle de 10 % en France, selon Les Échos. En 2025, son chiffre d’affaires atteindra les 2,6 milliards d’euros, d’après les estimations. À titre de comparaison, ce chiffre était de 1,1 milliard d’euros en 2016. L’évolution exponentielle de ce secteur s’explique par le changement des habitudes vers toujours plus d’achat en ligne. L’explosion du e-commerce après la pandémie de la Covid-19 fait aussi évoluer ce phénomène.

Les consommateurs deviennent plus exigeants, souhaitant des livraisons plus rapides. Pour les entreprises, l’enjeu est d’augmenter l’efficacité de leurs services en optimisant leurs structures de coûts. Cela se fait la massification des flux que seuls les grands groupes peuvent réaliser. Dans ce contexte, accompagner les mutations de nombreux secteurs d’activité devient une priorité pour de nombreuses collectivités locales.

Recourir à la cyclo-logistique est une solution durable et peu contraignante pour les acteurs économiques locaux. Elle promet une transition douce vers un modèle de logistique urbaine durable. Pour approvisionner le centre-ville, les producteurs locaux n’ont pas besoin d’acheter un véhicule électrique pour se conformer à la nouvelle législation. Ils peuvent acheminer leur marchandise jusqu’à un hub logistique en périphérie de ZFE pour que des livreurs à vélo puissent la conduire au point de livraison en zone urbaine. Le secteur du dernier kilomètre peut donc croître sans continuer à encombrer les villes.

4. Sortir du salariat déguisé des coursiers à vélo et créer des emplois stables

L’essor du e-commerce a créé beaucoup d’emplois en favorisant la croissance des plateformes de livraison à domicile. Néanmoins, le modèle économique de celles-ci repose sur des coursiers indépendants. Ce statut est confortable pour les entreprises, mais contraint les travailleurs à :

  • attendre indéfiniment les commandes, sans rémunération ;
  • rester aux aguets en permanence de peur de rater une livraison ;
  • financer leur matériel de travail par leurs propres moyens ;
  • ne pas avoir droit aux avantages sociaux (couverture sociale, congés payés, etc.).

Publié en avril 2021, le Plan national du développement de la cyclo-logistique encourage la création d’entreprises de livraison à vélo. Il facilite et accompagne le démarrage de ce type de projets via plusieurs dispositifs. ColisActiv, par exemple, finance les 500 000 premiers colis à hauteur de 2 euros l’unité durant la première année. Cette aide se poursuit la deuxième année avec 1,30 euro pour les 1,5 millions de colis livrés. Enfin, elle représente 0,6 euro la troisième année pour 3 millions de colis.

Grâce à ces programmes nationaux ou régionaux, on voit fleurir des entreprises de cyclo-logistique éthique comme Agilenville. Au sein de ces sociétés, les livreurs à vélo sont salariés à temps complet et bénéficient de tous les avantages sociaux que confère ce statut.

5. Favoriser l’innovation urbaine et l’open data

Pour circuler de manière efficace en centre-ville, les coursiers utilisent des applications diverses. Celles-ci leur permettent d’optimiser leurs tournées de collecte ou de livraison. L’objectif est d’emprunter les chemins les plus courts et d’éviter le transport à vide. Le chargement du vélo doit en effet occuper le maximum d’espace disponible à l’aller comme au retour.

Si les grandes plateformes développent leurs propres outils, il existe aussi différentes applications commerciales spécialisées dans la circulation en ville. Seulement, ces dernières ne prennent souvent pas en compte les enjeux territoriaux et les spécificités d’une zone urbaine particulière telles que la largeur des pistes cyclables ou la disponibilité de places de stationnement.

Sillonnant la ville en permanence et en toute saison, les vélos de livraison représentent une mine d’or en termes de collecte de données. Plusieurs projets se dédient au développement de l’innovation urbaine. L’appel à projet AVELO2, lancé par l’Ademe (Agence de la transition écologique), vise à concevoir des schémas directeurs cyclables. Les services de vélo pourront alors expérimenter les résultats pour améliorer leurs performances.

6. Encourager l’économie d’usage et développer des synergies inter-entreprises

Face à la rareté des ressources de la planète, l’économie d’usage prend de plus en plus d’importance. Cela consiste à louer ou à partager un bien ou un service. Faire appel à une entreprise de cyclo-logistique permet de mutualiser des moyens logistiques beaucoup moins polluants. À grande échelle et à long terme, cela limite la production polluante de nouveaux équipements et réduit les dépenses pour les entreprises. Cette utilisation commune d’équipement crée un circuit économique local vertueux au sein d’un territoire.

Le rôle socio-économique de la cyclo-logistique : conclusion

La logistique urbaine est au centre des préoccupations des collectivités locales. Elle représente près d’un tiers du coût logistique total du transport de marchandise. Créatrice d’emploi et de croissance économique, ce secteur présente divers enjeux socio-économiques impactant les travailleurs, les entreprises et les collectivités locales. Pour y répondre, ces dernières mettent en place des solutions qui se veulent durables.

La cyclo-logistique est un mode de transport conçu pour les zones urbaines en termes écologiques et organisationnels. Elle permet une meilleure gestion de l’espace en ville et une amélioration de la qualité de l’air. Fluide et agile, elle répond au problème de congestion urbaine et optimise les performances de livraison de produits.

Toutefois, son développement ne doit pas se faire au détriment de la protection sociale de sa main-d’œuvre. C’est pourquoi, des projets de livraison à vélo éthiques ont vu le jour ces dernières années. Le chemin est encore long pour offrir des emplois stables et pérennes à tous les coursiers en deux-roues, mais les débuts sont très encourageants. Le secteur du dernier kilomètre n’a pas fini de croître. Il a aussi besoin de solutions de transport respectueuses de l’environnement, capables de répondre à une demande à croissance exponentielle !

Sources :

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