Produire un gobelet, y boire une gorgée d’eau et le jeter ensuite, est une aberration. Cet usage de quelques secondes menacera la biodiversité et la santé humaine pendant environ 400 ans avant de se décomposer. Pour être recyclée, une bouteille en verre consomme 15 fois plus d’énergie que lorsqu’elle est lavée pour être réemployée. Des exemples comme cela, il en existe par dizaines. Le système de consignation est sans doute une solution durable pour la gestion des déchets. Qu’est-ce qu’un emballages consigné ? Quels sont les avantages du réemploi de contenants ? Pourquoi a-t-on perdu cette bonne pratique en France ? À quand le retour de la consigne ? Toutes les réponses se trouvent ci-dessous.
Le système de consigne : définition
La consigne a pour objectif de faciliter le réemploi, la réutilisation ou le recyclage d’un emballage. Pour ce faire, le consommateur paye une gratification – une petite somme additionnelle au prix du produit acheté. Aussi appelée « consigne », elle lui permet de « louer » le contenant. Le client est alors tenu de rendre l’emballage vide au vendeur pour se faire rembourser.
L’intérêt de l’emballage consigné : 5 avantages
La consigne permet des gains écologiques, économiques et sociaux. Voyons cela en détail.
1. Limiter les dépenses d’énergie et d’eau liées au recyclage
Au-delà de minimiser la quantité des déchets, tel que le recyclage le permet, la consigne réduit les dépenses en énergie nécessaires à la production de nouveaux emballages à partir de matières récupérées. Faire fondre du verre, par exemple, requiert une température de 1 500 degrés. Laver des bouteilles en verre économise 76 % d’énergie et consomme 50 % d’eau en moins en comparaison avec le recyclage.
2. Réduire les émissions de Gaz à effet de serre (GES)
En 2018 l’ADEME (Agence de la transition écologique) à publier une étude concernant le rôle de la consigne dans la réduction des émissions carbone. Il en ressort qu’à moins de 250 km de distance entre le point de vente et la centrale de lavage, la réutilisation du verre génère 80 % moins de GES en comparaison avec le recyclage.
3. Diminuer la quantité des déchets
Dans les hôtels, cafés, restaurants et bars, la gestion des déchets est une problématique quotidienne. La consigne permet de limiter le volume des poubelles, une véritable économie de temps et d’argent. Le Ministère de la Transition écologique estime que le système de consigne permettrait d’éviter 500 000 tonnes de résidus annuellement en France.
4. Économiser les coûts d’emballages pour le producteur et le consommateur
Le prix de l’emballage constitue généralement une part importante du coût de revient d’un produit. Ce dernier se répercute sur le prix de vente, en grande partie assumé par l’acheteur. La consigne permet au client de récupérer cette somme et de ne payer que pour ce qu’il consomme.
De son côté, le producteur fait aussi des économies grâce au réemploi. Il n’a pas besoin de racheter de nouveaux emballages pour chaque série de production. En moyenne, le recyclage coûte 35 euros par tonne. La consigne limite ses dépenses.
5. Favoriser l’économie locale
Le système de consigne requiert la mise en place d’infrastructures, de modèles logistiques adaptés aux besoins locaux et la collaboration entre différents acteurs économiques du même territoire. Cela crée des emplois non délocalisables au sein de la région. En effet, plus les distances entre le point de vente, l’usine de production et les centres de lavage sont courtes, plus l’intérêt environnemental et économique est grand.
Les emballages jetables ou recyclage demandent beaucoup de transport. La consigne s’appuie essentiellement sur le circuit court en créant des synergies entre des partenaires locaux. Elle prône aussi une gestion logistique écologique et durable.
L’histoire de la consigne en France : un bref rappel
Il fut un temps où la consigne était la norme. En 1938, une loi est allée jusqu’à obliger les brasseries et les producteurs d’eau gazeuse d’utiliser le réemploi des bouteilles en verre.
Alors, pourquoi a-t-on abandonné la consigne en France ? Les raisons relèvent, entre autres, du marketing, de la volonté d’un confort maximal et de la facilité d’accès aux produits. Faisons un rapide retour historique.
1970 : la promesse d’un emballage propre et moderne
C’est dans les années 1970 que certains publicitaires se sont mis à vanter les mérites supposés plus hygiéniques et sophistiqués de la bouteille à usage unique. La machine de la société de consommation était lancée !
1990 : le pollueur-payeur
Le volume des déchets grandit de plus en plus, rendant sa gestion très complexe. Au début des années 1990, une réglementation tente de maîtriser la fin de vie des emballages ménagers. Les industriels doivent dès lors verser une contribution pour la gestion des résidus créés à partir des contenus jetables de leurs produits. C’est cette phase qui conclut la fin du système de consigne…
Un principe de consigne qui tient bon dans certains domaines entre professionnels
Si les ménages ont peu à peu arrêté d’utiliser les emballages consignés, le système de réemploi de contenants a perduré dans quelques secteurs d’activité. C’est le cas chez certains producteurs de boissons qui livrent leurs bouteilles en verre consignées aux CHR (Cafés, Hôtels, Restaurants). Ils consignent 30 à 40 % des bouteilles et des fûts de bière.
La consignation a aussi continué à exister dans les domaines du :
- Secteur automobile : caisses et emballages consignés.
- Secteur de la chimie : fûts IBC plastique, bidons, etc.
- La logistique : consigne palettes Europe ou palettes dites « VMF ».
Le grand retour de la consigne dans l’Hexagone : place au réemploi aujourd’hui et demain !
Face à la crise climatique et écologique, il n’est plus possible de continuer à produire la même quantité de déchets. L’utilisation d’emballages consignés contribue considérablement à limiter l’impact de l’activité humaine sur la nature et la biodiversité.
La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire prévoit l’élimination totale des plastiques à usage unique à l’horizon 2040. Pour cela, le Gouvernement encourage les initiatives mettant en place des systèmes de consigne. En 2021, il a signé un engagement avec 19 acteurs de la restauration livrée. Cela a pour objectif de limiter les déchets produits par ce secteur.
Aux côtés des bouteilles en verre consignées historiquement connues, les emballages réutilisables ont pris de nouvelles formes ces dernières années. Dans le domaine de l’événementiel, par exemple, on trouve les cups écologiques. L’entreprise à impact, Jean Bouteille, elle, commercialise des bouteilles pour le vrac liquide. Il y a aussi les services de location et de lavage de contenant qui fleurissent un peu partout en France.
Conclusion : points de vigilance quant au réemploi des emballages
Il n’y a pas de débat : le retour de la consigne est une nécessité à la transition écologique. Néanmoins, il est primordial de veiller à ce que le modèle ne génère pas plus d’impact négatif qu’il n’en réduit.
Le système de consignation requiert une logistique importante : il faut produire, stocker, transporter, récupérer, laver et remettre les contenants en service. Cela demande l’utilisation de véhicules, de foncier et d’autres moyens plus ou moins polluants. Pour éviter les débordements, une gestion intelligente doit être pensée. Par exemple, il s’agira de réduire les distances à parcourir entre les différents points de traitement et de vente, d’utiliser des modes de livraison écologique et d’anticiper la demande pour optimiser la gestion des stocks.
Agilenville se met à disposition des acteurs de la consigne pour organiser leur chaîne logistique en centre-ville. En réceptionnant et stockant leurs palettes de bouteilles pleines dans ses entrepôts urbains, Agilenville peut ensuite livrer les restaurateurs et épiceries à la demande. Par la même occasion, les bouteilles consignées vides sont collectées puis regroupées de retour à l’entrepôt : la boucle urbaine est ainsi bouclée et les palettes de bouteilles vides peuvent prendre le chemin de l’usine de lavage.
À Marseille, Agilenville collabore ainsi avec l’association l’Incassable qui anime un réseau de producteurs régionaux, leur fournit des contenants en verre réemployables puis trie, lave et redistribue.
Vous êtes acteur de l’économie locale ? Vous souhaitez participer à la réinstauration de la consigne ? Contactez-nous pour mettre en place un processus logistique durable et efficace.
Sources :